GIL: MON KOH LANTA
Le 11 juin nous avons mis en place un petit jeu: nous sommes partis chacun de notre cotée d'un point A: KO TAO et donné RV à un point B: KO PHI PHI
De mon coté le destin m'a conduit jusque KO LANTA (meme île que la fameuse émission de TF1...)
Jusque la rien de bien particulier. Seul élément important, je me fais la contrainte de ne jamais ouvrir le Lonely Planet ni aucune carte pour trouver mon chemin. Je souhaite uniquement avancer par l'intuition sur chaque choix: hôtel, route, transport, lieux etc...
La seule info que j'ai de Koh Lanta, c'est que la basse saison y bat son pleint. C'est a dire qu'il n'y a personne...
A peine arrivé sur l'île de Koh Lanta par Ferry, je demande au chauffeur de m'arrêter là, sur le parking du quai de débarquement. Il me dit qu'il n'y a rien avant des kilomètres et ne s'arrête pas. ''c'est pas grave, STOP HERE PLEASE!''
Comme une idée, une intuition qui domine la raison: dans ce genre d'émotion, je sais que je suis dans la pure intuition et que l'expérience qui va arriver va être bonne à prendre au passage!;-)
Je descend du mini van, et là je sens monter le gout si particulier de la vraie aventure. Je change mes tongs contre mes Salomon, crème solaire, casquette, eau a portée de main et un défis commence à germer: descendre l'île du Nord au Sud, à pied et m'arrêter uniquement quand j'en peux plus.
L'aventure commence, je fais mes premières foulées sur l'île avec mon sac de 12kg, il fait super chaud, humide, mais c'est pas grave, la sensation de liberté et d'aventure domine, je me sens en vie, into the wild!Je me laisse guider par l'instinct, pas de carte, je suis la route, je continue sur la plage, tout est désert un peu comme une île fantôme... Après une demi journée de marche je poursuis le bout d'une plage pour arriver sur les rochers qui bordent la mer d'Andaman, la progression est plus lente mais la vue est spectaculaire. Ça devient de plus en plus difficile, je suis à 200 pour cent dans le moment présent car je n'ai pas le droit de me faire mal à l'endroit ou je suis, seul et loin de tout.
J'arrive sur un passage délicat, une barre rocheuse verticale de 10 m de haut m'empeche d'avancer. Je tente, sans vraiment y penser, de l'escalader, mais trop dangereux. J'essaye de monter par derrière mais la végétation est trop dense pour passer à travers: MERDE ! je suis bloqué là comme un con devant cette barre rocheuse sans savoir quoi faire. Je me souviens que dans ces moments là il ne faut absolument pas se précipiter aux risques de faire une erreur qui peux coûter cher. Je pose mon sac, reprend mon souffle quelques minutes. Je n'arrive pas à me résoudre à revenir en arrière. En même temps je m'interdis de prendre le moindre risque: mais je ne m'interdis pas de tenter des trucs un peu fou: la solution pour pas revenir sur mes pas: passer par l'eau. Je sais nager, la distance pour contourner cette barre rocheuse est courte, la mer n'est pas trop agitée... Le seul problème c'est le sac avec toute mes affaires... Pas grave je tente le coup, je porte mon sac au dessus de la tête (comme j'ai pu voir dans les films de Rambo 
. Lorsque je suis bousculé par les vagues et que je n'ai plus pied, je nage avec mon sac pose devant moi qui flotte mais pas pour longtemps car il n'est pas prévue pour. L'eau s'infiltre rapidement. Alors commence une course contre la montre: faut faire vite, ne pas paniquer en pensant à l'appareil à photo (j'en ai déjà perdu 1 il y a 3 mois en Inde...) et l'Iphone dedans...
, nager, vite rejoindre les rochers.
Opération réussie avec un minium de dommage, les bras et mains un peu écorchées, le sac un peu humide... mais je suis de nouveaux sur les rochers et je continue l'aventure pour arriver... sur une nouvelle plage déserte. Cette fois ci le temps devient gris, il va pleuvoir dans quelques minutes. Mes jambes ont bien souffertes de cette marche dans les rochers et mon autonomie n'est plus très longue avant d'avoir un vrai coup de pompe. Il faut que je trouve un endroit pour dormir, mais depuis le début je n'ai vu que 2 guest houses ouvertes en 5 heures de marche....
La chance m'accompagne tout de meme, mais le seul endroit pour dormir est un hôtel 5 étoiles qui reste ouvert toue l'année. Il n'y a pas un seul client dans l'hôtel (information importante que je prend auprès du personnel de la plage avant de me présenter à la réception en sachant qu'il va falloir négocier dur
) Je ne veux ni crever mon budget, ni continuer à marcher des heures pour trouver autre chose). Résultat, une chambre à 6000Bath negocie a 1000... (Merci mon ancien job qui m'a tant appris sur les negos de la vie...)
Le lendemain matin, pas le temps de s'attarder dans du luxe, sac sur les épaules, je repars pour une journée de marche sous le soleil.
Le départ est un peu plus dur que la veille, les jambes sont encore lourdes des efforts d'hier. Et puis on s'habitue vite au luxe... mais ça avance tout de même, avec des pauses, traversant des endroits ou j'ai eu l'impression que j'arrivai après un Tsunami ou une terre abandonnée...
3eme jour, je commence plutôt et part sans prendre de ptit dej pour bien avancer dans les heures les plus fraîches. Je mangerai plus tard, seul indispensable, être équipé en eau ( je bois jusque 4 litres d'eau par jour tant il fait chaud et humide!)
Mon objectif est d'arriver à ce parc naturel qui se trouve à la pointe sud de l'île:
les km sont longs à parcourir avec ce sac de 12kg, cette chaleur et ce terrain accidenté.
Oups, on dirait un bel orage de mousson qui arrive... Je me pose dans un bar abandoné pour m'abriter et attendre que ca passe...
A 3 km du final, je me demande si je me réserve cette dernière petite partie pour le lendemain car il me reste une journée avant de repartir rejoindre Maria sur KO Phi Phi. Une petite intuition me dis de le boucler aujourd'hui, le soleil est encore haut dans le ciel, je ne risque pas d'arriver pendant la nuit. 1 heure après, voila le symbole de cet objectif:
Un phare qui symbolise un objectif à atteindre, comme dans ''le moine qui vendit sa ferrari'' de Robin Sharma, un de mes livres cultes.
On m'avait dit qu'une fois arrivé dans ce parc national il y avait possibilité de passer la nuit dans un bungalow ou sous tente. Mais la basse saison m'aura encore jouée un sale tour: tout est fermé. Je passe un long moment allonge contre ce phare, à me reposer, voire des singes qui sautes d'arbres en arbres, repasser en mémoire ces 3 jours d'aventure et une idée de passer la nuit dehors me traverse l'esprit, un peu comme l'étape finale...
Mais des indicateurs de stress me font douter.
Est ce la peur de dormir dehors dans un milieu inconnu? oui certainement, mais si c'est juste la peur, je veux la surpasser car cela ne doit pas m'empêcher de vivre des expériences.
Est ce une intuition de danger? alors je dois l'écouter car c'est mon signal d'alerte.
Mais comment discerner la peur de l'intuition dans ce genre de cas?
Ces derniers mois de voyage m'ont donne quelques billes pour gérer ce genres de cas. Loin d'être complètement à l'aise avec cette dualité, mon astuce consiste à ne pas précipiter la décision (un peu comme à l'étape de la barre rocheuse) afin de prendre du recul et de la hauteur par rapport à la situation. Je prend donc un bon moment pour admirer le paysage, du haut de cette falaise, adosser au phare, symbole de cet objectif réalisé. Et puis le vent se lève, il se met à souffler fort, très fort. J'hésite, je ne veux pas passer à coté d'une expérience si elle est faite pour moi. Surtout si elle s'impose comme une évidence comme le jour de mon arrivée sur le quai de débarquement pour marcher sur toute la longueur de l'île. Mais cette expérience ne s'impose pas comme une évidence et la peur laisse plutôt place à l'intuition de repartir et chercher un endroit pour la nuit. Je trouve un jeune qui me ramène en mobylette (je me le permet à présent car l'objectif est terminé) jusqu'au premier village avant le parc ou j'avais repéré une guest house ouverte.
Je passe la nuit dans un bungalow et je suis encore une fois le seul client du village... Les proprios passent me voir le soir pour m'apporter à manger et repartent... J'ai l'impression de vivre un peu l'histoire du film ''seul au monde'' joué par Tom Hanks rescapé d'un crasch d'avion sur une île paradisiaque... mais seul...
En pleine nuit je suis réveillé: dehors c'est la tempête, le vent souffle à au moins 100km/heure, il pleut des cordes jusque midi le lendemain...
Cette nuit là, il ne faisait pas bon de la passer à la belle étoile...
Cette nuit là, il ne faisait pas bon d'aller contre l'intuition...
L'intuition domine-t-elle toujours la raison quand on prend le temps de l'écouter? Et surtout lorsqu'on se place dans le bon contexte pour l'entendre et la poursuivre?
Demain je me réjouis de prendre le bateau pour rejoindre Maria, sur l'île de Koh PHI PHI dont je devine le relief d'ici. Nous avons beaucoup de choses à nous raconter...
Voila, j'ai fait mon Koh Lanta, sur l'île de Koh Lanta
La vie, l'aventure continue vers Borneo dans quelques jours...